Sur le tard Lacan radicalise la thèse de Freud qui en 1923 affirme que, dans la névrose et dans la psychose, le fantasme se substitue à la réalité. Ayant jugé, dès 1967 (moment de sa Proposition pour la passe), que la réalité et le fantasme s’équivalent et que c’est d’opérer sur lui que la psychanalyse tire sa valeur, il assène en 1978, leçon tirée de Joyce : « tout le monde est fou, tout le monde délire ».
Loin de signifier par là que la psychose est l’ordinaire de tout le monde, ce nouvel axiome rompt l’analyste à la nécessité d’opérer sur la particularité du symptôme, laquelle fait qu’il y a du « pas-comme-tout-le-monde », autrement dit du pastout dans tout dire analysant. C’est cette particularité qui est à psychanalyser.
Occasion rêvée pour Lacan de revenir, une fois de plus, à Aristote, à ce qui le fait , selon Lacan, « quelque chose comme psychanalyste ». Lacan considère :
1) qu’Aristote, comme tout le monde, rêve (il rêve le monde) ;
2) que le psychanalysant, comme tout le monde, rêve (il rêve sa vie), c’est-à-dire tient à la particularité de son symptôme ;
3) qu’il n’y a d’éveil que particulier. C’est pour autant qu’une psychanalyse éveille à la particularité réelle du symptôme que Lacan fait de ce dernier, Joyce ayant coupé le souffle du rêve, la voie royale de l’inconscient.
Penser la psychanalyse avec Lacan
Qu’est-ce qui donne le plus à penser au psychanalyste ? Qu’est-ce que la psychanalyse ne pense pas encore ?...