Qu’est-ce qui donne le plus à penser au psychanalyste ? Qu’est-ce que la psychanalyse ne pense pas encore ?
“Qu’est-ce que s’orienter dans la pensée, quand c’est le réel de l’expérience psychanalytique qu’il est question de penser, dans ce livre, avec Lacan ?
S’orienter dans la pensée, puisqu’au dire de Lacan nous pensons avec nos pieds, c’est marcher. Ce que pratiquait Aristote. Marcher, comme dit écrivant Madame Bovary Gustave Flaubert, droit sur un cheveu. Mais pour marcher droit sur un cheveu que faut-il savoir ? Il faut savoir se faire fourmi, comme celle que dessine Escher traçant sa piste sur la ligne plus mince qu’un cheveu du ruban de Möbius. C’est sur son grand huit que se lance la parole dans l’expérience analytique, au bord du trou de l’inconscient où penser c’est perdre le fil.
D’où le vertigo d’Œdipe sur le grand huit de la vérité. Giorgio de Chirico l’a bien compris : devant la sphinge aux yeux clos, Œdipe n’a plus sa tête. C’est sur ce mannequin métaphysique d’Œdipe que Freud a taillé sur mesure son complexe normatif.
C’est au-delà de l’Œdipe qu’avec Lacan (mais aussi Bataille, Blanchot et Beckett) nous avons à penser l’inconscient et le symptôme, la passe et le contrôle, la jouissance et la féminité, l’angoisse et la phobie, la tristesse vicieuse et le déchet, la ségrégation et les camps.”
M. B.